Collectionneuse réputée, habituée au somptueux cadre du Château de Ferrières
et de l'hôtel Talleyrand, Béatrice Ephrussi avait la passion de l'art.
Elle faisait parvenir par train jusqu'à Beaulieu des oeuvres qu'elle sélectionnait
sur le quai de la gare.
Portant son goût pour l'art à l'extrême, on dit qu'elle acheta une chapelle
pour n'en retirer qu'une fresque.
______
Le patio couvert
De belles colonnades en marbre rose de Vérone soutiennent des arcades
de style Renaissance italienne.
Au-dessus, courent des galeries aux voûtes hispano-mauresques, bordées de balcons.
Le patio, où Béatrice donnait ses réceptions, a gardé sa vocation de galerie
et présente un ensemble d'oeuvres d'art médiéval et Renaissance
dont un tableau attribué au vénitien Carpaccio (env. 1460-1525),
représentant un Condottiere.
Elle avait elle-même fait aménager cette demeure en une suite de salons, galeries,
cabinets, chambres et boudoirs, utilisant pour dominante la couleur ocre.
Lors de ses séjours à la villa, on raconte que la baronne,
qui avait une prédilection pour le XVIIIème siècle, à l'instar de la haute société de son époque,
avait reçu ses amies habillée à l'image de la reine Marie-Antoinette
dont elle avait acquis la table de whist.
Autour d'elle, des domestiques prenaient soin de la maison avec diligence.
Un voeu réalisé
A la mort de la Baronne Ephrussi en 1934, l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France
reçut en legs la propriété et plus de 5300 oeuvres d'art, afin de créer un musée
qui garderait "l'aspect d'un salon" dans l'esprit des musées Nissim de Camondo
ou Jacquemart-André.
Conformément à son voeu, la villa rassemble aujourd'hui
l'ensemble des collections que la baronne avait accumulées au cours de son existence
et réparties dans ses différentes demeures de Paris et de la Côte d'Azur.
Le salon Louis XVI contient une pendule Faune et bacchante de Pierre Gouthière,
l'inventeur de la dorure au mat, ainsi que des candélabres
de son disciple et successeur Pierre-Philippe Thomire.
On découvre au détour des appartements de la baronne,
un ravissant boudoir agrémenté de boiseries néo-pompéennes servant d'écrin à un secrétaire à bonheur du jour de l'ébéniste attitré de Marie-Antoinette, Jean-Henri Riesener.
Dans la chambre, le mobilier Louis XVI inclut également une commode transition
de l'un de ses meilleurs représentants : Nicolas Petit.
Sur la commode, un portrait de Béatrice Ephrussi.
La villa aujourd'hui
La villa Ephrussi de Rothschild a été confiée à Culturespaces
qui en assure la mise en valeur et la gestion depuis 1991
avec le soutien de l'Académie des Beaux-Arts, du Conseil Général des Alpes Maritimes,
de l'association des Amis de la villa et de plusieurs mécènes.
La villa et les jardins ont fait l'objet d'un grand programme de restauration.
Plus de 150.000 visiteurs y sont accueillis chaque année, ainsi que
des manifestations culturelles et de prestige.
______
Les commentaires qui accompagnent mes photos sont tirés
de la brochure offerte lors de la visite de la villa.
______
A l'attention des photographes
Les photos de ce dernier post "dans l'intimité de la baronne"
ont été réalisées par mes soins à main levée, sans trépied ni flash.
La plupart d'entre-elles, prises à contre-jour et donc très sombres, ont fait l'objet d'un post-traitement
au moyen du logiciel Photoshop CS3, nécessitant parfois le détourage
et les réglages courbes objet après objet afin de "déboucher" les ombres.
Le résultat obtenu a été possible grâce à la prise de vue en RAW, ce que n'aurait pas permis le JPEG.
Merci à tous et toutes de l'attention que vous avez consacrée à l'ensemble de ce reportage.
Merci d'avoir apprécié mon travail.